L’artiste coréenne Eva Eun-Sil Han a fait du collage son langage de prédilection. Elle l’utilise comme un procédé poétique qui lui permet d’exprimer des émotions et de représenter des visions issues de son subconscient. Elle découpe en forme géométrique des images puisées dans des magazines, livres anciens qu’elle assemble, de façon à élaborer des paysages oniriques, des portraits hybrides proches de l’abstraction géométrique. Sans sujet préconçu, elle répète des motifs, superpose des paysages, architectures sur des visages. Elle juxtapose des informations hétéroclites qu’elle isole de leurs contextes initiaux afin de créer des associations visuelles qui échappent à toute interprétation logique, mais qui permettent, en outre, une simultanéité d’impressions et d’ambiances.
all the midnights in the world 2011-2012
measured emotions 2009 – 2010
phase of the moon, 2010
irrégulière, 2010-2011
Inteview
Comment définiriez-vous votre travail ?
Eva Eun-Sil Han : Mon travail est une sorte de mécanisme de répétition vers l’inconscient. Couper des papiers puis ensuite les assembler est un processus conscient, mais qui à chaque fois engendre un résultat imprévu.
Quelles sont vos inspirations ?
Je suis inspirée par beaucoup de choses : des objets, des films, des lieux, des architectures – j’aime beaucoup l’architecture de style Art nouveau. Mais ce sont des choses que je trouve généralement par hasard, dans la rue, dans les médias, sans que j’aie vraiment cherché. Je ne cherche pas vraiment à provoquer l’inspiration.
Je feuillète des magazines de mode et de décoration d’intérieur, je note les teintes de couleurs et les images qui me plaisent. La musique m’inspire aussi beaucoup.
Pourquoi le collage ?
Je me suis intéressée au collage en découvrant le travail de Max Ernst. Son travail m’a vraiment frappé. C’était vraiment éloigné du travail des autres artistes surréalistes. Le fait de pouvoir recréer quelque chose de nouveau en réutilisant des images déjà existantes.
Utilisez-vous l’ordinateur ou bien travaillez-vous à la main ?
Mes collages sont faits à la main car j’ai besoin du contact physique avec les matériaux, sentir la texture du papier. Ça me procure une sensation agréable. Découper des images en suivant la forme avec la main est un élément important pour moi.
Cette sensation tend à disparaitre avec l’ordinateur.
Je vais dans de vieilles librairies pour y chercher de vieux livres que j’utilise pour mes collages. J’aime l’idée d’utiliser des vieilles images, des lettres imprimées il y’a plus de cent ans pour en faire des images modernes.
Comment choisissez-vous les titres de vos œuvres ?
Je m’inspire souvent de titre de musique. Par exemple, « All the midnights in the world » est le titre d’un morceau de Prince. Comme cette chanson m’a inspiré pour un collage particulier, j’ai utilisé son titre pour le nom de mon travail.
Un dernier mot sur Seoul ?
Séoul est une ville qui évolue constamment. J’aime me promener dans le Palais Gyeongbokgung et ses environs en écoutant Bill Evans Trio. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs.
©까이에 드 서울
a moment borrowed, 2008
phase of the moon, 2010
geometric frame work, 2008
L’atelier de Eva Eun-Sil Han