Histoire de Seoul (1392-1910)
Les premières traces de la ville de Séoul remontent à plus de 2 000 ans, lorsque la Corée était divisée en 3 royaumes : Baekje à l’ouest, Silla à l’est et Goguryeo au nord. A l’époque, Séoul s’appelait Wiryeseong et fut la capitale du royaume de Baekje de l’an 18 avant JC jusqu’en 475 après J.C. Située stratégiquement sur les rives du fleuve Han, Wiryeseong fut le théatre de nombreux affrontements entre les 3 royaumes.
En 918, après une période d’instabilité et de guerre interne, la fondation de la dynastie Goryeo marque l’unification de la péninsule. S’ensuit 2 siècles de paix et de prospérité, puis à partir du XIIe siècle, les invasions mongoles commencent à ravager l’intérieur du pays tandis qu’au même moment, les côtes coréennes subissent les pillages répétés des pirates japonais. Durant cette période, Seoul n’est pas encore la capitale de la Corée et change une première fois de nom, passant de Wiryeseong à Namgyeong.

Au fil des époques Séoul a changé souvent de nom : Wiryeseong à sa création, elle est devenue Namgyeong pendant la dynastie Goryeo (918-1392), Hanyang pendant la période Joseon (1392-1910) puis Gyeongseong pendant l’occupation japonaise (1910-1947). Bien que le nom de Seoul ai été utilisé pour la première fois en 1882, la ville adopte officiellement ce nom en 1947 à la partition de la péninsule.
La dynastie Joseon - 5 siècles d'isolement

Né en 1335, le général Yi Seong-gye (Taejo) parvint à mettre fin aux attaques japonaises et à chasser les mongoles de Corée. Ses différentes victoires militaires le mènent au pouvoir en 1392. Il fonde la dynastie Joseon mettant fin à 400 ans de dynastie Goryeo.
En 1394, Taejo désigne la ville de Seoul (qui devient Hanseong) comme nouvelle capitale de la Dynastie, remplaçant ainsi Gaegyeong (située dans l’actuelle Corée du nord), l’ancienne capitale de Goryeo.
Ce choix s’explique par 2 raisons. La première géographique. Située au centre de la péninsule coréenne, Séoul est un point stratégique pour les échanges commerciaux et la gestion de tout le pays. La deuxième raison est spirituelle. Selon les principes de la géomancie coréenne (pungsu) – qui recherche l’harmonie entre la vie humaine, l’ordre de la montagne et de l’eau – Séoul est idéalement placée. En effet, la ville présente toutes les caractéristiques (topographiques, hydrographiques, etc.) requises pour accueillir la résidence du roi : proximité de 4 montagnes (protectrices et chargées d’énergie) et de 2 sources d’eau (les fleuves Han et Cheonggyecheon).
Puisant directement son énergie dans le Baekdudaegan (chaine de montagnes sacrées de Corée), Bukhansan est le mont protecteur de la ville. A gauche et à droite, les monts Inwangsan et Taraksan viennent envelopper la ville tandis que devant, le mont Namsan la cache discrètement. A l’extérieur, le fleuve Han contourne le site et le fleuve Cheonggyecheon le traverse d’ouest en est.
Construit au centre du site, au pied de Bukhansan, le palais Gyeongbok était la résidence royale où le roi s’occupait de la plupart des affaires de l’État. Autour du palais, d’autres constructions importantes étaient aménagées dans le respect des traditions confucéennes : 2 sanctuaires, 1 marché et les bâtiments du gouvernement.
A gauche du palais, le sanctuaire de Jongmyo accueillait les ancêtres royaux ainsi que les rites ancestraux. A droite du palais, le sanctuaire Sajik était dédié aux dieux de la terre (Sa) et des grains (Jik ) afin d’assurer la récolte et la prospérité de la nation. Ces deux sanctuaires ont servis d’ancrage spirituel à la nation coréenne.
Devant, sur l’axe principale, la rue Yukjo a été construit pour relier le palais à la porte de Gwanghwammun. De chaque coté de la rue était disposé les différents bâtiments du gouvernement, que ce soit le Conseil d’État (Uijeongbu), le Ministère du personnel (Ijo), le Bureau de la capitale (Hanseongbu), le Ministère des impôts (Hojo), le Ministère des rites (Yejo), le Bureau de l’inspecteur général (Saheonbu), le Ministère de la Défense (Byeongjo) et le Ministère des Travaux (Gongjo).

Prévu pour une population de 200 000 habitants, le plan de la ville est tracé dans un périmètre fortifié de 16 kilomètres carrés dont elle ne débordera pas avant le XXe Siecle. Cette stabilité s’explique par la politique isolationniste stricte que la Corée mène pendant près de 5 siècles, en réaction à la menace régulière d’invasions mongoles, chinoises, japonaises. Bien que cet isolement a coupé la Corée de toute modernisation, elle a favorisé la formation d’une identité coréenne forte. L’exemple le plus concret est l’invention du Hangeul, l’alphabet coréen, au XVe Siecle, afin de remplacer l’écriture chinoise en place à l’époque. De nombreux indices attribuent la paternité du Hangeul à Sejong le Grand, le 4e roi de la dynastie Joseon.
Les multiples invasions japonaises de 1592-1598 détruisirent le palais Gyeongbok qui fut reconstruit en 1867.
Le 26 février 1876, suite à un incident diplomatique avec le Japon, la Corée est contrainte de signer avec son voisin nippon un traité commercial qui met fin à l’isolement de la Corée. Le traité de Ganghwa stipule notamment que la Corée doit ouvrir ses ports (Busan, Incheon et Wonsan) au Japonais. Cet évènement marque un tournant dans l’histoire de la Corée et le début de l’ingérence japonaise. Ca marque également le début de la modernisation de Seoul qui se concrétise par des grands travaux d’urbanisme comme la construction d’installations électriques, de chemins de fer, de voies de tramway, de parcs, de réseaux d’aqueduc, d’écoles et d’hôpitaux.