Échos perdus au milieu de paysages désertiques, des néons en forme de lettres composent des mots, des slogans, des messages amoureux à la fois poignants et banals. Les halos de lumière électrique bleue, rouge, jaune, diffusés par les tubes phosphorescents se dissolvent dans l’atmosphère trouble des lieux. L’ambiance froide et crépusculaire confère aux photographies de Jung Lee une tension dramatique et illustre les thèmes de la solitude et de l’incompréhension.
Née en 1972 à Séoul, l’artiste Jung Lee est titulaire d’un diplôme de photographie qu’elle obtient au Royal College of Art de Londres en 2005. C’est d’ailleurs pendant ses années d’études en Angleterre, alors qu’elle est – en tant qu’étrangère – confrontée aux limites du langage, que Jung Lee élabore sa réflexion sur les mots et l’image. Idée qu’elle développe plus tard dans la série photographique Aporia inspirée des « Fragments d’un discours amoureux » de Roland Barthes qui évoque les divagations des personnes amoureuses. Pour Barthes, le langage, aussi complexe soit-il, est impuissant à exprimer le mystère du sentiment amoureux et n’aboutit qu’à des lieux communs, des contradictions, des impasses.
Le travail de Jung Lee met en scène le territoire trouble et chaotique de l’amour, où les mots – coquilles vides – dérivent à la surface de leur propre signification sans jamais réussir à les incarner.