Dans une imagerie naïve qui évoque la spontanéité des dessins d’enfants, Jungmin Son représente – en peinture et céramique – des personnes, des plantes et des animaux. Elle crée un univers coloré peuplé d’objets, d’amis, de connaissance et de souvenir d’enfance. Pour elle, le dessin est un moyen à la fois d’exprimer sa personnalité et de révéler celles des autres.
Illustratrice, designer et céramiste, Jungmin Son partage sa vie entre Séoul et New-York. Elle a notamment collaboré avec Elle Korea, Vogue, Magazine B, Nylon Korea, Uniqlo, Korea, Avene, YSL, La Roche-Posay et L’Occitane.
Comment avez-vous commencé l’illustration?
J’ai toujours dessiné. Enfant, je remplissais des cahiers entier de dessin. L’illustration était ma passion mais je ne voulais pas en faire mon métier, alors à l’université, j’ai décidé d’étudier la mode. En parallèle, je continuais à dessiner pour le plaisir. J’avais pris l’habitude de faire le portrait des gens qui m’entourent et de leur offrir. Quand j’ai quitté Séoul pour aller vivre à New York, j’ai continué à faire des portraits. Là-bas, les gens sont tous différents et ont leur propre personnalité.
Vous dessinez autant les plantes que les personnes.
J’ai grandi à la campagne entourée de quatre frères et sœurs. Mes souvenirs d’enfance ont forgé ma sensibilité. Avec mes parents, nous allions souvent nous promener dans les montagnes et dans les vallées. Ma mère m’apprenait les noms des fleurs et à reconnaître leurs odeurs. Je passais beaucoup de temps dans la nature. A New York, J’habitais un quartier ordinaire épargné par les touristes. A côté de chez moi, il y avait un petit parc entretenu par des grand-mères qui faisaient pousser plein de plantes que je ne connaissais pas. Le week-end avec une amie du quartier, nous y allions pour dessiner studieusement les fleurs. A cette époque, j’étais stressée par mon travail. J’ai lu quelque part que les gens qui élèvent beaucoup de plantes, sont souvent des angoissés. Je ne sais pas si c’est vrai mais les plantes m’ont apporté un grand réconfort.
Vous avez publié un livre qui s’appelle les Les plantes et les hommes.
Quand j’étais aux Etats-Unis, en 2011, j’ai été contacté par le magazine Elle korea. Un ami journaliste qui y écrivait une chronique régulière avait proposé d’utiliser mes illustrations. La rédactrice en chef avait alors accepté. C’est comme ca que j’ai commencé a dessiner ponctuellement pour Elle Korea.
Quand je suis rentrée en Corée, la rédactrice en chef de Elle m’a proposé de publier un livre de dessin sur la mode. J’ai alors refusé car à cette époque, je préférais faire un livre sur les plantes et les hommes.
Plus tard, la maison d’édition Mimesis m’a contacté. L’un des éditeurs appréciait beaucoup mes dessins et m’a proposé de publier un livre en lien avec les plantes et les hommes – ce que je rêvais de faire. Le concept du livre est de mettre en parallèle des personnes connues avec des plantes qui leur ressemblent. Ce projet m’a pris deux ans.
Récemment, vous avez commencé à dessiner des d’animaux.
En 2018, on m’a commandé des dessins pour illustrer Le roman de Renart qui venait d’être publié en Corée. C’est unrecueil médiéval français de récits animaliers. Je me suis rendu compte qu’à travers ces dessins d’animaux, j’arrivais bien à révéler mon caractère. Après ce travail, j’ai donc commencé une série animalière plus personnelle sur les mères et leurs enfants.
Quel est votre illustrateur préféré?
J’aime bien l’illustratrice américaine Maria Kalman. A New-York, je passais beaucoup de temps dans les librairies à regarder ses livres. Elle a publié beaucoup de bons livres. Apparemment son frère est éditeur. Pour faire de bons livres, je pense qu’il est important de rencontrer un bon éditeur.
Avez-vous un projet idéal ?
Je travaille depuis longtemps pour les magazines de mode en Corée, mais je n’ai jamais vu de cas où l’on utilise une illustration pour la couverture. C’est pourtant une pratique courante aux États-Unis. J’aimerai beaucoup que l’une de mes illustrations fasse la couverture d’un magazine.
Que pensez-vous de Séoul et quel est votre lieu préféré ?
Pour moi, Séoul est une ville paradoxale où coexiste deux mondes différents. On peut se promener dans un quartier luxueux puis tout d’un coup se retrouver dans un village de lune.
Je n’aime pas les endroits bruyants fréquenté par trop de monde. Mon quartier préféré est Cheoungun-dong. Il est situé à coté des montagnes Inwang et Bugak. j’aime me promener la-bas.