C’est avec poésie et délicatesse que l’artiste Kim Myeongbeom investit les objets du quotidien. Il les détourne de leur fonction initiale en les combinant avec des éléments naturels : il transforme des ampoules en aquarium, fait flotter des arbres en les suspendant à des ballons gonflables, déploie les bois d’un cerf en de longues branches aériennes, prolonge des cannes de marche en outils…, etc. Ses sculptures hybrides, proche de la pensée visuelle agissent – tels des jeux de mots – sur le sens propre et figuré des choses et composent des œuvres oniriques et métaphoriques dont l’étrangeté évoquent le surréalisme.
Jouant sur les notions de croissance et de déclin, l’univers que construit Kim Myeongbeom intrigue et fascine. Il propose une vision du monde teinté de burlesque et de poésie tout en questionnant sur la vie, sa légèreté mais aussi sur la nature éphémère de l’existence. En effet, l’enchantement que nous inspire ses œuvres est sans cesse altéré par une sensation de danger, sourde, inhérente à leur beauté.
L’artiste joue sur l’idée philosophique que la matière, les choses, la nature sont douées de vie propre. Il résume d’ailleurs son travail comme un dialogue entre lui et les objets présents dans son entourage.
Né en 1976 à Busan, Kim Myeongbeom vit et travaille entre Seoul et Chicago.
Interview :
Cahier de Séoul : Pouvez vous nous parler de votre démarche ?
Kim Myeongbeom : Je m’intéresse à tout ce qui m’entoure, les choses quotidiennes et je tente d’analyser la manière dont je les perçois et enregistre dans la mémoire. J’écoute l’esprit des objets. J’engage un dialogue avec eux, puis à partir de là, j’oriente mon travail. Je suis constamment en cours de processus pour trouver une réponse. En tout cas, je suis le point central et le point de départ de mes recherches.
Vous combinez souvent ensemble deux objets à la fois similaires et incompatibles.
Je choisis les objets pour leur signification et symbolisme plutôt que pour leur forme et leur beauté. Je me base sur mon imaginaire et mes souvenirs d’enfance. Avant tout, ce sont des objets qui se trouvent dans mon environnement quotidien et que j’aime bien. A travers eux, je peux exprimer mes sentiments.
Vous travaillez entre Séoul et Chicago. Votre travail est-il perçu différemment selon les villes ?
Certains spectateurs tentent de définir mon travail dans un mouvement artistique, mais personnellement je ne le fais pas.
Mon travail est très influencé par l’environnement où je me trouve et les expériences que je fais. Il évolue selon le pays, la ville, le temps. J’aime bien parler de ce genre de changement et l’intégrer dans mon travail.
Comment a évolué votre travail au fil du temps ?
Avant je cherchais les réponse à mes problématiques ailleurs et plus profondément, mais globalement le sujet de mon travail et le mode d’expression n’ont pas changé. Aujourd’hui, je réfléchis moins au sujet de mon travail. Disons que j’ai fait le tour et que je suis revenu au point de départ.
Quelles sont vos influences ?
Je m’intéresse à beaucoup de choses. J’essaie de tout absorber. Je regarde presque tous les genres de film, les mangas, les magazines de mode, la photographie, les shows télévisés, les objets qui m’entoure… J’essaie de voir le maximum de chose. Mon travail est très influencé par cette expérience visuelle.
Quel regard portez-vous sur Séoul ?
Avec mes amis, on avait l’habitude de dire que Séoul est un enfer amusant. C’est toujours mon avis.