Park Chan Wook n’est pas réputé pour sa retenue. Le réalisateur coréen, mondialement connu depuis Old Boy, aime les sujets noirs, traités tambours battant avec violence-pression et humour-soupape. C’est pourtant en dansant sur un fil que lui et son frère Park Chan-kyong narrent cette histoire courte d’un homme parti tremper l’hameçon dans des eaux sombres et aussi calmes que la surface d’un miroir. Night Fishing (파란만장 – Paranmanjang) est un film de fantômes qui, comme les grandes réussites du genre, prend son sujet très au sérieux, en ne négligeant en filigrane ni la profondeur de ses personnages (l’ancrage dans le réel), ni la valeur intrinsèque de la figure du fantôme (le développement allégorique). La facture, plus sobre qu’à l’accoutumée, est sans doute due au dispositif inhabituel de captation de l’image (c’est un film de commande où la contrainte était de filmer avec des téléphones portables), mais le souffle particulier qui porte ce film vient surtout de l’attention portée aux divers éléments sonores, à commencer par la musique d’entame, aussi singulière qu’envoûtante. Rarement le traitement du deuil n’aura trouvé une tonalité si juste.
Night Fishing a été révélé au public en 2011 et a obtenu cette année-là l’Ours d’or du meilleur court métrage à Berlin. Son film précédent, le long métrage Thirst (박쥐 Bakjwi) s’est vu remettre le prix du Jury à Cannes en 2009. Park Chan Wook produit actuellement une adaptation de la BD française « Le Transperceneige », réalisée par Bong Joon Ho (Memories of murder, The host, Mother) pour une sortie prévue en 2013.
@ par Antoine Lechartier