Situé dans une petite ruelle en pente dans le nord de Seoul (près de Hyojadong), le café/boutique « Sajikdong, le magasin » baigne dans une ambiance hippie. On y trouve des produits artisanaux issus du commerce équitable fabriqués en Inde dans un atelier de femmes réfugiées tibétaines. Le lieu propose également un espace restauration où l’on peut déguster du chai (thé indien) et manger des plats végétariens.
La boutique a été créée par l’association humanitaire « Rogpa ». Cette ONG fondée en 2005 vient en aide aux réfugiés tibétains installés à Dharamsala en Inde où s’est établi en 1960, le gouvernement tibétain en exil. Chaque année, des milliers de tibétains fuient les persécutions dont ils sont victimes dans leur pays pour venir s’installer à Dharamsala.
Rogpa s’efforce de préserver la culture tibétaine, l’intégrité et l’indépendance pour les générations à venir. Selon le principe de communauté autosuffisante, Rogpa développe une logique d’interconnexion : «là où quelqu’un reçoit de l’aide, un autre a l’occasion d’aider».
Dans le but de soutenir les parents et mères célibataires tibétains, l’association a monté plusieurs projets à Dharamsala comme la construction d’une garderie gratuite, d’une salle d’étude pour enfants et d’un atelier pour femmes célibataires. L’atelier fabrique des produits et accessoires locaux (vêtements, sacs, décorations, etc) tout en conservant l’esprit de la culture tibétaine. Ces produits artisanaux sont ensuite vendus dans diverses boutiques dont à « Sajikdong, le magasin » à Séoul. Les bénéfices sont ensuite reversés à l’atelier et à la garderie.
INTERVIEW
Pouvez-vous présenter « Sajikdong, le magasin » ?
Ce magasin a été créé par l’association Rogpa. Rogpa voulait créer un lieu en Corée, pour sensibiliser les coréens à la cause tibétaine. L’association est née de la rencontre d’une coréenne (Tenzin Pema) et d’un tibétain (Tenzing Jamgyang). Le Tibet est sous occupation chinoise et beaucoup de tibétains se sont réfugiés au Népal et au Bhoutan. Mais c’est dans la région de Dharamsala en Inde qu’il y’a le plus de réfugiés tibétains (environ 100 000).
Le premier projet de l’association a été de monter une garderie gratuite afin de s’occuper des enfants pendant la journée pour permettre à leurs parents de travailler et de gagner de l’argent.
Quels objets vendez-vous ici ?
On vend les objets artisanaux fabriqués par l’atelier des femmes. Le but principal de cet atelier n’est pas de gagner de l’argent mais de réinsérer les femmes célibataires dans la vie économique en leur enseignant des techniques de fabrication artisanales tout en leur donnant un salaire décent. Même si Rogpa est est une association indienne, les employés sont ici tous des coréens bénévoles. Nous avons chacun notre métier à coté.
Pourquoi avoir choisi de vous installer dans le quartier de Sajik dong?
Tenzin Pema, la co-fondatrice de l’association a grandi dans ce quartier. Un jour, en se promenant par hasard, elle est tombé sur ce magasin qui était vide. On s’est donc installé ici.
Il existe déjà une boutique Rogpa à Dharamsala. En ouvrant un deuxième magasin dans un autre pays, on souhaitait accroître la portée du message de l’association.
Quel regard portez-vous sur Seoul ?
Je vis à Séoul depuis longtemps … mon impression personnelle… Séoul est un lieu de vie mais ces derniers temps, on assiste à d’immenses transformations. On sent de moins en moins la couche historique et les endroits où l’on peut sentir l’authenticité culturelle disparaissent. C’est un problème auquel je réfléchis beaucoup – comment agir pour conserver la culture véritable d’un lieu.
Quel est votre lieu préféré à Séoul ?
C’est sans doute très abstrait. Mes quartiers préférés ont déja disparus. Mais j’aime bien les lieux qui n’ont pas changé de couleur. J’aime les lieux « entre », qui se situent à la frontière de plusieurs choses, qui ont l’air d’avoir leur propre histoire.
Adresse :
1-7 Sajik-dong, Jongno-gu, Seoul, South Korea
Ouverture : mardi – dimanche 12:00 – 20:00