Le jeu subtil des couleurs et de la transparence confère aux meubles en résine de Wonmin Park la présence évanescente des rêves, comme le souvenir fugace d’un objet aperçu. Des meubles flottants aux formes floues et lumineuses qui s’attachent à créer une ambiance sensorielle et poétique autant fonctionnelle qu’agréable.
A propos de son travail, Wonmin Park dit qu’il vise « un sentiment de légèreté et la pureté ». Proche d’une démarche artistique, le designer coréen cite comme référence les artistes Anish Kapoor et Rachel Whiterhead ainsi que les designers Sottsass et Rietveld.
La série Haze que développe Wonmin Park depuis 2013 est née de l’envie de capturer dans une forme concrète, l’aspect nébuleux de la brume. Un environnement confortable et doux que le designer analyse pour déterminer ce qui le rend si beau et ainsi pouvoir provoquer les mêmes sensations avec son design.
Il trouve dans la résine le medium idéal pour traduire ce monde de la demi transparence. Sa texture répond aux caractéristiques que recherche Wonmin park : un matériaux flexible qu’il peut produire lui-même et se réapproprier. Dans une démarche proche de celle d’un peintre, Wonmin Park parvient à exprimer des sensations et des émotions différentes en fonction de la manière dont il travaille la résine.
Diplomé à la Design Academy Eindhoven en 2011, Wonmin Park fonde en 2012 son propre studio. Il vit et travaille entre Paris et Rotterdam.
Interview
Pouvez-vous nous parler de votre travail ?
Mon travail consiste à rendre tangible des choses immatérielles. J’observe et je réfléchis beaucoup aux choses qui m’attirent et que je trouve belles comme des ambiances particulières, des effets de lumières ou de couleurs. Puis, petit à petit, se dessine dans ma tête une image de ce que je veux fabriquer. Ensuite je cherche le matériau qui convient le mieux à la réalisation de mon idée.
J’ai choisi la résine pour réaliser la série ‘Haze’ car je cherchais un matériau translucide avec un aspect presque brumeux. La résine n’est pas facile à traiter. Elle est souvent employée pour des productions de masse, mais j’ai cherché une manière personnelle de me la réapproprier et de l’utiliser dans mon travail. La résine me permet en outre de contrôler l’opacité et la transparence de mes pièces et de doser la couleur comme un ingrédient dans une recette de cuisine.
Avez-vous une matière ou une couleur préférée ?
Je n’ai pas d’attachement particulier à un matériau ou à une couleur. J’essaie de trouver un équilibre entre les deux. Je choisis les couleurs en fonction des idées que je veux exprimer et des séries que je développe. Par exemple pour la série Haze, le jeu des couleurs a permis de contrebalancer la forme simple et asymétrique des meubles. Actuellement, je suis en train de réaliser une série de bougies que je colore avec les nuances du feu. Je souhaite reproduire la texture unique, l’opacité et les teintes fantomatiques de la flamme.
Pour la création, quels sont les éléments importants pour vous ?
J’aime bien le hasard. Je ne crois pas aux choses trop calculées ni trop cadrées. Je pense que ca donne des résultats limités. Même les grandes inventions sont souvent découvertes par hasard. Quand on décide à l’avance quel matériau on va utiliser pour tel design, ca nous empêche d’exploiter les caractéristiques propre du matériau. A l’inverse, quand on expérimente et teste un matériau, on découvre des caractéristiques que l’on ignorait. Je pense que l’important, c’est la façon et le contexte dans lequel on utilise matériau. Je pense que c’est ça le design.
Je souhaite que les meubles que je fabrique soient à la fois confortables et esthétiques. Généralement, quand on jette un meuble, c’est pour en acheter un autre plus beau. Il y a des meubles que l’on jette même s’ils sont confortables, et d’autres moins confortable que l’on garde pour leur design. J’espère que les personnes qui achètent mes meubles, les gardent le plus longtemps possible.
Quels sont les endroits les plus remarquables où vous avez exposé ?
Avec le curateur Rossana Orlandi, j’ai exposé mes meubles au Museo Bagatti Valsecchi. C’est une architecture du 19ème siècle où règne une ambiance particulière et grandiose. Cet endroit a une force, un caractère particulier sans pour autant écraser les objets qui y sont exposés. Dans ces décors classiques, mes meubles contemporains s’harmonisaient et se révélaient. Cette expérience reste un souvenir important pour moi.
Quel est votre quartier préféré de Séoul ?
Cheongdam-dong. Je pense que ce quartier est à la pointe des tendances. Ces tendances qui absorbent les cultures occidentales peuvent apparaître un peu maladroites mais je trouve ça aussi amusant de voir les choses évoluer si vite.
Pour moi Séoul est une ville qui manquait de fondement mais qui commence à s’établir. Je pense que l’une des caractéristiques de la culture coréenne, c’est d’absorber la culture des autres et de se les réapproprier.