Hyunjee Jung est une designer textile et d’objet basée à Eindhoven, aux Pays-Bas. Formée en design industriel, elle redécouvre le plaisir du travail manuel lors d’un stage de couture et décide alors d’utiliser le textile dans le cadre de sa pratique artistique. Elle élabore aujourd’hui des structures et des espaces avec de la soie traditionnelle coréenne myungjoo.
Hyunjee Jung reproduit sous forme textile des éléments architecturaux ordinaires tels que des structures en briques et en tuiles, des fenêtres et des toitures. La soie traditionnelle utilisée par l’artiste est un matériau très fin et délicat, quasiment translucide, qui contraste avec le caractère massif des constructions représentées. Son apparence est largement déterminée par la lumière environnante et l’espace qui l’accueille. Les sculptures de Hyunjee Jung nécessitent par conséquent un agencement minutieux entre la forme et la couleur. Un tissu foncé, plus à même d’absorber la lumière, sera par exemple plus transparent qu’un tissu de couleur claire qui pourra quant à lui révéler la texture particulière du matériau. À travers les différentes couches de soie assemblées et travaillées à la main, l’architecture se « dématérialise » et se fait plus sensible à la lumière.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Depuis que je suis enfant, j’aime fabriquer des choses avec les mains. A l’université (Hongik à Séoul), j‘ai étudié le design d’objets et une fois mon diplôme en poche, j’ai travaillé pendant 5 ans dans une agence de design ou tout se faisait par ordinateur. En parallèle, je prenais des cours de couture dans un atelier avec une amie. La bas, j’ai redécouvert le plaisir de fabriquer les choses à la main, de manipuler les matériaux. Plus tard, après avoir passé un master en Suisse, je suis allé vivre aux Pays-Bas, où j’ai commencé mon travail de textile que je continue jusqu’à aujourd’hui.
Pouvez-vous nous parler de votre processus de création ?
Je trouve l’inspiration dans les lieux de la vie quotidienne. J’aime observer le motif des murs en briques ou en tuiles, la forme des toits et les différents éléments qui composent un bâtiment. Par exemple, je m’intéresse à la manière dont les briques s’empilent pour créer des structures, et comment leur maillage varie à la rencontre des fenêtres, des portes ou d’un toit. Lorsque je vois une combinaison ou une structure qui me plait, je la photographie ou la reproduis en dessin. Mon travail consiste à réarranger et réinterpréter ces combinaisons.
Je commence le travail en volume en faisant une maquette simple en papier, puis j’utilise un programme 3D pour m’aider à définir la structure. Ensuite, je teste le volume avec différents matériaux pour décider de la texture, la transparence et la couleur qui conviendra le mieux à la forme.
Quel est le concept de la série Brick ?
Je réinterprète des structures architecturales, à la base lourdes et épaisses, avec de la soie coréenne qui est un matériaux léger et translucide. J’aime cette opposition. La texture délicate et irrégulière du tissu remplace la rugosité des matériaux de construction comme le brique. De plus, la transparence de la soie permet aux œuvres de présenter une apparence (textures, formes) différente en fonction de la lumière et de l’espace ou elles sont installées.