L’architecture des palais royaux coréens est une célébration de l’harmonie entre l’homme et la nature, illustrée par une conception qui respecte le paysage environnant tout en mettant en avant la grandeur et l’autorité royales. Ces palais, principalement situés à Séoul, dans le quartier de Jongno, sont des témoignages de l’histoire riche et complexe de la Corée, reflétant les influences culturelles, les idéologies politiques et les innovations techniques à travers les dynasties.
Conception et symbolisme
Les palais royaux coréens, comme Gyeongbokgung et Changdeokgung, sont conçus selon les principes du feng shui et de la géomancie (Pungsu en coréen), visant à assurer une coexistence harmonieuse avec l’environnement naturel. Ils sont typiquement situés avec des montagnes à l’arrière et une rivière ou un espace ouvert à l’avant, une disposition censée apporter protection et prospérité.
L’orientation des bâtiments et leur disposition dans l’espace sont méticuleusement planifiées pour refléter l’ordre cosmique et social. Les espaces sont hiérarchisés, avec des zones réservées à la royauté, à l’administration, et aux cérémonies officielles clairement délimitées, chacune reflétant son importance et son utilisation.
Caractéristiques architecturales
Les palais royaux coréens se distinguent par leurs toits élégamment incurvés, caractérisés par des extrémités qui remontent vers le ciel. Cette forme n’est pas seulement esthétique mais a également une fonction pratique, facilitant l’écoulement de l’eau de pluie et résistant aux vents forts. Les tuiles des toits, souvent de couleur verte ou bleue, sont disposées avec précision et ornées de figures mythologiques destinées à repousser les mauvais esprits.
Les bâtiments sont majoritairement construits en bois, un matériau choisi pour ses qualités esthétiques, sa flexibilité et sa capacité à intégrer les structures dans leur environnement naturel. Les colonnes en bois, souvent sans peinture pour montrer la beauté naturelle du matériau, soutiennent les toits et encadrent les espaces ouverts des palais, favorisant la circulation de l’air et la connexion avec la nature.
Les murs des palais, plutôt bas et de couleur blanche, servent à délimiter les différents espaces tout en permettant une vision dégagée du paysage. Les portes et les fenêtres sont finement travaillées, avec des motifs traditionnels qui ajoutent une dimension esthétique tout en remplissant leurs fonctions pratiques.
Intégration avec la nature
Un aspect remarquable de l’architecture palatiale coréenne est son intégration avec le jardin et le paysage environnant. Les jardins des palais, comme celui de Changdeokgung, sont conçus pour être des extensions naturelles du palais, avec des étangs, des îles, des ponts et des pavillons qui invitent à la contemplation et à la détente. Ces espaces ne sont pas seulement des lieux de loisir pour la royauté et leurs invités, mais aussi des exemples de l’art paysager coréen, soulignant l’importance de vivre en harmonie avec le monde naturel.
Au cœur de Séoul, dans le quartier de Jongno-gu se trouvent des trésors historiques qui témoignent de la grandeur et de la splendeur de la dynastie Joseon. Les palais royaux de la ville, tels que le Gyeongbokgung, le Changdeokgung, le Deoksugung, le Gyeonghuigung et le Changgyeonggung, sont des témoins silencieux d’une époque révolue, mais ils continuent à captiver et à émerveiller les visiteurs du monde entier.
Le palais Gyeongbokgung
Construits au cours des siècles, ces palais étaient le cœur du pouvoir et de la vie politique de la Corée. Le Gyeongbokgung, palais principal et symbole de la grandeur royale, a été érigé en 1395 par le roi Taejo, le fondateur de la dynastie Joseon. Avec ses vastes cours, ses pavillons majestueux et ses portes imposantes, le Gyeongbokgung était le siège du gouvernement et le lieu où résidaient les rois et les membres de la famille royale. Le palais a subi d’importants dommages lors de l’invasion japonaise de la Corée à la fin du XVIe siècle, restant en ruines pendant près de trois siècles avant d’être soigneusement restauré en 1867, sous le règne du roi Gojong. Toutefois, au début du XXe siècle, pendant l’occupation japonaise de la Corée, de nombreuses sections du palais furent à nouveau détruites, dans le cadre d’une tentative systématique d’élimination de l’identité culturelle coréenne. Depuis la fin du 20e siècle, des efforts considérables de restauration ont été entrepris pour rendre à Gyeongbokgung sa splendeur d’antan, un processus qui continue aujourd’hui. Aujourd’hui, il est le plus visité des palais de Séoul, offrant aux visiteurs un aperçu fascinant de la vie à la cour royale.
Le palais Changdeokgung
À côté du Gyeongbokgung se trouve le Changdeokgung, un trésor caché entouré de magnifiques jardins. Construit en 1405, Changdeokgung était destiné à servir de résidence secondaire au roi et à la cour royale. Cependant, à la suite de la destruction de Gyeongbokgung pendant les invasions japonaises de la Corée à la fin du 16ème siècle, Changdeokgung est devenu le palais principal pendant près de 300 ans. Ce palais était apprécié pour son harmonie avec la nature environnante. Son jardin secret, un lieu paisible où les rois venaient méditer, est aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. La visite du Changdeokgung est une expérience immersive dans l’esthétique et la philosophie de la culture coréenne traditionnelle.
Le palais Deoksugung
Au milieu du paysage urbain moderne de Séoul se dresse le Deoksugung, un palais qui fusionne les influences architecturales coréennes et occidentales. Construit au XVe siècle, il était utilisé comme résidence temporaire par les membres de la famille royale, notamment pour les périodes de deuil. Cependant, son importance s’est accrue au fil du temps, notamment pendant la période de modernisation de la Corée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. C’est à cette époque que des bâtiments occidentaux ont été ajoutés au palais pour servir de résidences et de bureaux gouvernementaux. L’un des bâtiments les plus emblématiques du Deoksugung est le pavillon Jeonggwanheon, qui servait de lieu de réception pour les invités étrangers. Ce bâtiment est un exemple frappant de l’architecture européenne du XIXe siècle en Corée, avec ses colonnes élancées, ses balustrades ornées et ses intérieurs élégants.
Le palais Gyeonghuigung
Moins connu que ses homologues, le Gyeonghuigung était un palais secondaire qui abritait les fonctions administratives et militaires de la cour. Malgré sa petite taille, le Gyeonghuigung abrite plusieurs bâtiments historiques d’une grande importance culturelle. Le pavillon Geumcheongyo, par exemple, était autrefois utilisé comme résidence pour les membres de la famille royale, tandis que le pavillon Myeongjeongjeon servait de salle du trône où se déroulaient les affaires officielles de l’État. Les visiteurs peuvent également explorer le pavillon Donggung, qui offre une vue panoramique sur le palais et ses environs. Bien que la plupart de ses bâtiments aient été détruits, il reste un rappel poignant de l’histoire tourmentée de la Corée.
Le palais Changgyeonggung
Enfin, le Changgyeonggung, construit au début du XVe siècle, était à l’origine un lieu de repos pour les membres de la famille royale. Transformé en jardin botanique et zoologique pendant l’occupation japonaise, il est aujourd’hui un havre de paix au cœur de la ville.
Ensemble, ces palais racontent l’histoire de la Corée, de sa gloire passée à sa résilience face aux défis du temps. Ils sont des témoins vivants de l’art, de l’architecture et de la culture d’une époque révolue, mais dont l’héritage continue à enrichir et à inspirer la société coréenne moderne. En explorant ces vestiges historiques, les visiteurs peuvent non seulement en apprendre davantage sur le passé glorieux de la Corée, mais aussi découvrir la beauté intemporelle de son patrimoine culturel. Les palais royaux de Séoul sont véritablement des joyaux de la couronne de la nation, des trésors nationaux qui méritent d’être préservés et appréciés pour les générations à venir.