Des gouttes d’eau parsèment les peintures de Kim Tschang Yeul. Des gouttes de pluie, de rosée ou de condensation. Elles sont là, immobiles, délicatement posées sur la surface des toiles monochromes ou recouvertes d’idéogrammes. L’illusion sur l’allusion. Traces évanescentes et fragiles du temps qui passe, du monde qui change. Il suffirait d’un simple mouvement pour rompre l’équilibre : qu’elles ruissellent ou imprègnent la toile. Mais ces gouttes d’eau sont un leurre, des formes figées peintes avec dextérité et de manière hyperréaliste.
Les œuvres de Kim Tschang Yeul, par un processus de mise en abîme qui mêle sans annuler (au contraire révèle) la représentation et le support (simple feuille ou toile posée sur un châssis), engagent une réflexion sur l’art, l’image et l’illusion. En outre, l’utilisation de la goutte d’eau comme motif récurrent ouvre, par sa répétition et son symbolisme, des espaces de méditation multiples.
Né en 1929 dans le village de Maengsan en Corée du Nord, Kim Tschang Yeul Vit et travaille depuis 1969 à Paris.