La vie suit son cours dans le petit village de Yongdam niché dans les montagnes au sud de la Corée. Les villageois travaillent et cohabitent joyeusement dans une ambiance paisible qui ferait presque oublier qu’en ce début de XXè S., la Corée est sous domination japonaise.
La jeune et belle An-Hyup aspire elle aussi à une vie simple et rangée, mais, abandonnée par son mari parti vagabonder à travers la Corée, elle doit se débrouiller seule pour subvenir à ses besoins. Le jeune femme cueille alors des feuilles de mûriers (mulberry) pour une voisine âgée qui élève des vers à soie et, plus secrètement, se prostitue auprès des hommes du village contre de la nourriture, du tissu ou des bijoux. Sa réputation, qui ne tarde pas à se répandre dans la communauté, attise la tentation des hommes et les foudres des femmes qui décident de l’exclure du village.
Auréolé de nombreux prix dans divers festivals – dont celui de la meilleure actrice pour Lee Mi-Sook – le film Mulberry réalisé par Lee Doo-Yong en 1986, est l’adaptation d’un roman de Na Do-Hyang qui dépeint – dans un style tragi-comique – la vie des paysans du début du XXe S.
Au-dela de ses qualités cinématographiques, Mulberry reste avant tout connu pour ses nombreuses scènes érotiques qu’illumine la beauté de l’actrice principale, Lee Mi-Sook. La liberté sexuelle et l’indépendance qui caractérisent son personnage en font un symbole de modernité mais aussi une allégorie tragique de la fin d’une époque. Sous une apparence calme et bienveillante, les comportements des personnages se révèlent souvent troubles et bas. Pourtant le film ne se fait à aucun moment moralisateur, mais laisse se développer un récit qui dessine le lent délitement d’une communauté avant son éclatement final.
Tiraillée entre ses traditions et la réalité économique/politique de l’époque, le village de Yongdam (où se déroule l’action) finit par générer sa propre violence puis se dissoudre dans sa propre cruauté au-delà de toute intervention extérieure.