La sculpture Fallen star, réalisée par l’artiste coréen Do ho-Suh en 2008, représente une maison traditionnelle coréenne encastrée dans un immeuble new yorkais, image allégorique du choc des cultures. L’œuvre possède l’évidence du travail réussi.
Après des études de peinture qu’il poursuit de Séoul à Rhode Island – aux Etats-unis-, Do ho Suh (né à Seoul en 1962) se tourne finalement vers la sculpture, pratique qu’il n’abandonnera plus, y trouvant l’écho à ses réflexions personnelles.
Son œuvre, faite d’accumulations d’objet, de structures en tissus et d’architectures en suspension, impressionne autant par sa virtuosité, sa minutie que sa puissance évocatrice. Chacune de ses œuvres semble être un tour de force défiant les lois de l’attraction, sans pour autant sacrifier l’essence artistique. Do ho suh construit des architectures, met en place des installation à la fois spectaculaire et poétique d’où se dégage une impression de légèreté et de fragilité. D’évanescence, même, telle des empreintes fantasmagoriques de leur propre présence.
Ses sculptures, métaphores in situ qu’il situe dans des espaces aussi bien physique que mental, traitent de la mémoire, de l’identité et du déracinement : des thèmes chers à l’artiste qui partage sa vie entre les états unis et la Corée.
Son travail, d’ailleurs reflète une certaine instabilité, à la fois spatiale et psychologique, caractéristique des personnes partagées entre deux cultures, entre deux époques. Son travail oscille constamment dans l’entre-deux : entre le réel et l’imaginaire, la présence et l’absence, le monumental et la légèreté.
@cahier de Séoul
CAUSE AND EFFECT, 2007
SOME/ONE, 2003
Dans son œuvre Some/one, Suh Ho-do, reconstitue un vêtement traditionnel militaire coréen en assemblant des centaines de plaques d’identité.
« Quand j’ai créé cette pièce, les conflits entre la communauté noire et la communauté coréenne de Los Angeles faisaient rage. J’ai voulu créer une œuvre qui affirmait mon identité coréenne. En Corée, l’armée tient une place importante dans la société et j’ai moi-même fait mon service pendant dix-neuf mois. Les plaques militaires réduisent l’identité de chaque soldat coréen en cinq lignes : nom, prénom, numéro de matricule, religion et groupe sanguin. Pendant les conflits, les corps de soldats sont souvent laissés sur le champ de bataille, seules les plaques sont collectées. Ils sont leurs pierres tombales, leur mémoire. »*
L’utilisation du tissus permet à Suh Do Ho, grâce à sa transparence et à sa légèreté, d’évoquer l’absence, ce qui convient parfaitement à ses œuvres qui traitent de la mémoire et de l’histoire.*
STAIRCASE IV, 2004
SEOUL HOME
REFLECTION
THE PERFECT HOME, 2002
FALLEN STAR HOUSE
En 2012, Suh Do-Ho continue sa série Fallen Star, cette fois-ci grandeur nature, en placant à l’équilibre sur le toit d’un immeuble, une maison individuelle. Observatoire bancale et solipsiste du monde moderne.
(*) Lire aussi l’excellent article de Laurence Dreyfus