La disparition est au cœur du travail de l’artiste coréenne Yu Jin Young qui élabore depuis une dizaine d’années une œuvre fragile à la beauté depressive. Ses sculptures en PVC représentent des personnages au visages exsangues et aux corps fantomatiques.
How to disappear completely chantait Thom York sur l’album Kid A dont les accords courbes semblent résonner dans l’œuvre de l’artiste coréenne. Disparaitre pour échapper à un monde où le champ de l’intime se réduit inexorablement comme une peau de chagrin.
Le travail de Yu JinYoung porte sur les existences invisibles, les gens dont le seul refuge se situe dans l’effacement de soi, la disparition. Coquilles isolées du monde, les personnages de Yu Jin Young arborent des visages fermés, dissimulent leurs émotions derrières des masques blafards et stoïques malgré les traces évidentes d’angoisse et de détresse qui marquent leurs visages.
Tandis que les sculptures antérieures de Yu JinYoung brossaient un portrait de l’homme moderne pris au piège de la société, la série « Family in disguise » met en scène la vie quotidienne d’une famille confinée dans le microcosme de la maison. Même dans ce lieu considéré comme le refuge ultime, les personnages ne sont plus à l’abri des agressions du monde extérieur. Malgré leurs efforts pour paraitre heureux, chaque membre de la famille semble disparaitre peu à peu avalé par le décorum des lieux, ne laissant apparaitre que leur visage aux expressions de tristesse, d’indifférence ou de peur.
Le contraste entre l’apparence fragile et mignonne des œuvres de la sculpteur coréenne et l’état émotionnel lourd qui les habite crée un sentiment de malaise chez le spectateur en le plaçant face à une image de l’innocence en train de souffrir et de disparaitre.
En mélangeant expérience personnelle et sentiment collectif, Yu Jin Young crée une œuvre a l’imagerie pop asiatique et à la résonnance universelle.