À la frontière entre sculpture, body-art et peinture, le travail de Kim Joon met en scène des corps nus dans des poses alanguies, qui évoquent – par leur caractère fragmenté – des visions d’apocalypse. Les chaires sont recouvertes de motifs tatoués qui empruntent autant aux symboles traditionnels asiatiques et occidentaux qu’à la pop culture (logos, marques d’alcool, rock,…). Représentés comme des objets en porcelaine, les scènes de Kim Joon rappellent les vanités, ces natures mortes du 17e siècle qui représentaient – dans une imagerie entre profane et sacré – le caractère futile et éphémère des choses terrestres ainsi que la nature transitoire de la vie. En effet, si les corps idéalisés et hypersexués des œuvres de Kim Joon, symbolisent l’obsession humaine pour le matérialisme, la richesse, le plaisir et la puissance, en revanche, la fragilité et la froideur de la céramique évoque la vacuité et le vide de la vie et par extension, le temps qui passe et qui détruit tout.
À travers le tatouage, Kim Joon explore les thèmes du désir et de la mémoire. Pour l’artiste, le tatouage n’est pas qu’une simple inscription corporelle, mais aussi un marqueur social qui révèle l’âme de celui qui le porte ainsi que l’époque dans lequel il vit. Dans les œuvres de Kim Joon, le tatouage se réapproprie, adapte et mélange les différents éléments de la culture (traditionnelle et moderne) et transforme le corps en objets purement esthétique tel un produit de consommation.
Kim Joon est un artiste coréen né en 1966 à Seoul.