D’origine coréenne, Aaron Choe est né en 1982 à San José en Californie. Il vit à Séoul depuis 2008. Entre carnet de route, portrait naturaliste et univers romanesque, son travail photographique capte la vie quotidienne des Coréens.
Interview
Cahier de Seoul : Quand et comment avez-vous commencé à faire de la photographie ?
Aaron Choe : J’ai commencé la photographie en 2005. A l’origine, je voulais être cinéaste. Christopher Doyle*, en tant qu’artiste et personne, m’a vraiment influencé. Il travaille ses prises de vue à la manière d’un photographe : des scènes très lentes, bien cadrées avec très peu de mouvement. Son travail est caractéristique du cinéma asiatique. Je me suis donc acheté un appareil photo, le même qu’utilise Hiromix – photographe japonaise – et j’ai commencé à m’entrainer à la réalisation de films. Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent facilement de faire des films, mais à l’époque c’était beaucoup plus cher et difficile.
Quel est l’élément le plus important dans votre photographie ?
Je pense que le plus important dans ma photographie comme dans la photographie en général est d’être capable d’y mettre sa propre personnalité, son propre cachet pour que les gens qui connaissent votre travail puissent automatiquement reconnaître votre photographie, et dire « hey c’est Aaron qui a photographié ça ». Je pense que cela est particulièrement important lorsque vous faites un travail commercial. Il y a plus en plus de photographes dans ce milieu et il devient donc de plus en plus important pour moi de vraiment me démarquer des autres.
Comment votre style photographique a évolué au fil des ans ?
Mon style photographique est en constante évolution, mais dans la plupart des photos que je prends, je commence à développer des préférences sur certains sujets, certaines couleurs, etc. je suis encore jeune alors j’essaie de garder un esprit ouvert sur les choses et de ne pas être têtu. J’aime regarder les films et les photographies d’autres personnes. Ca m’inspire.
Quel est votre magazine-photo préféré ?
Je ne peux pas vraiment dire que j’ai un magazine photo préférée. La regarde la plupart des photographies sur internet. Flickr est une très bonne source d’inspiration car il y’a non seulement le travail de photographes professionnels, mais également le travail de photographes amateurs. J’apprécie les photographies du magazine d’Apartamento. J’aimerais beaucoup travailler un jour avec eux.
Que faites-vous pendant votre temps libre ?
Je suis passionné par la cuisine et la course à pied, donc quand je ne prends pas de photos, je consacre le plus clair de mon temps à ces deux passions.
Comment avez-vous décidé de venir vivre à Séoul ?
J’ai déménagé à Séoul, car je suis tombé amoureux d’une coréenne. J’étais venu ici pour voyager et rendre visite à ma soeur qui suivait un programme d’échange étudiant pendant une année. J’ai rencontré une fille qui vivait à Seoul et ca a été le coup de foudre. Dès que je suis retourné aux Etats-Unis, j’ai dit à mes amis et ma famille que j’allais vivre en Corée, j’ai vendu mes affaires, et j’ai acheté un billet aller simple pour la Corée. Nous sommes restés ensemble pendant deux ans mais, malheureusement, nous avons rompu il y’a trois ans. Dans la vie quotidienne ici, j’ai beaucoup appris sur ma culture, mon patrimoine et sur moi-même et je pense que mon déménagement à Séoul a été l’une des meilleures décisions que j’ai jamais faite.
Quelle impression avez-vous ressenti quand vous êtes arrivé à Séoul ?
Ma sœur vivait à Sinchon, un quartier célèbre pour sa vie nocturne en raison du grand nombre d’universités qui s’y trouvent. Dès que je suis descendu du bus avec mes sacs, j’ai été soufflé par le dynamisme : les rues étaient littéralement envahies de monde. Ca m’a rappelé l’Espagne pendant les férias. C’était excitant mais je sentais que je pouvais aussi me perdre à chaque seconde si je ne faisais pas attention.
Qu’est-ce que vous aimez à Séoul ?
J’aime les marchés car ils correspondent à l’image que j’avais de la Corée. J’aime parler avec les vendeurs et développer des relations avec eux. Vous voyez ce genre d’ambiance avec les marchés fermiers aux États-Unis et c’est génial, mais très à la mode et finalement la sensation qui s’y dégage est différente des marchés en Corée.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
En ce moment je me prépare à faire la suite d’un court-métrage (No place like homeland) que j’ai réalisé avec un ami il y a deux ans environ sur la diaspora coréenne. Nous avions rencontré beaucoup de gens d’origine coréenne provenant de nombreux pays différents. Nous avons fait un court métrage documentaire pour en faire leurs portraits, raconter leurs histoires, leurs opinions et expériences. Faire ce film m’a vraiment fait sentir vivant en tant qu’artiste et nous avons tous les deux ressenti le besoin de revenir en arrière et de retravailler à nouveau ensemble. J’aimerais aussi éditer mon premier livre de photo, mais j’ai encore du travail à faire pour cela. L’avenir pour moi, c’est travailler, rester concentré, continuer à me développer autant que je le peux et faire toutes les choses que je veux faire.
*Christopher Doyle est notamment connu pour être le directeur de la photographie du réalisateur Wong Kar-Wai
@Cahier de Seoul