Né en 1981 en Corée du Sud, le designer Kwangho Lee passe sa jeunesse à la campagne, dans la ferme de ses grands-parents où il observe son grand-père fabriquer toute sorte d’outils et d’objets à partir de matériaux récupérés dans la nature. C’est de cette période que remonte son gout pour le travail manuel et l’artisanat.
Après des études de design et d’art du métal à la Hongik University, Kwangho Lee installe son atelier à Séoul et développe sa vision singulière du design entre innovations, bricolage et concept. Constamment à la recherche de nouvelles pistes à explorer, il expérimente différents matériaux (PVC, Polystyrène, plastique) et détourne les objets du quotidien de leur fonction prédéfinie pour leur donner de nouvelles significations.
Dans la série « Obsession », Kwangho Lee utilise des tubes de PVC souples qu’il entremêle et tresse afin créer des éléments de mobilier tandis que pour le modèle Styrofoam Sofa, il sculpte un canapé dans un morceau de polystyrène.
new armor series, 2014
En hommage à la culture ancestrale coréenne, Kwangho Lee réalise la série de meubles NEW ARMOR en s’inspirant de l’armure « Gap Ui Ji » de la dynastie Joseon (1392-1897). Il recouvre la structure en bronze du mobilier (chaise, fauteuil) d’une couche de laque Ottchil (célèbre pour sa solidité et sa resistance, notamment au feu) préparée selon les techniques traditionnelles. Les fines nervures dessinées sur la surface du mobilier laissent apparent le métal froid, jouant ainsi sur le contraste des deux matériaux.
skin, enameled copper series, 2013
Interview
Quel est votre processus de création ?
Je n’ai pas vraiment de thème particulier ni d’idée précise au moment où je commence un projet. Je pars souvent du matériau. Quand j’en découvre un qui me plait, j’imagine ce que je pourrai fabriquer avec. Souvent, je commence comme ça. Je trouve l’inspiration en me promenant dans les magasin de bricolage.
Mon travail se décline souvent en série. Ça me laisse le temps d’expérimenter et de comprendre le matériau. Un bon résultat requiert beaucoup de temps. Le fait d’utiliser de nombreux matériaux me donne de l’expérience et de l’assurance pour appréhender mes futures créations.
Comment choisissez-vous les couleurs ?
Je suis daltonien, donc je perçois différemment les couleurs selon la lumière. Dans les endroits sombres, toutes les couleurs m’apparaissent grises. Quand je vais acheter mon matériel, j’écris toujours le code de couleur sur un bout de papier pour ne pas me tromper. J’aime bien les couleurs primaires :blanc, rouge, bleu, vert. Sans doute, car je les distingue mieux.
Vous travaillez principalement avec des matériaux industriels (plastique, PVC, polystyrène…) mais jamais avec des matériaux naturels. Pour quelle raison ?
J’aime l’idée que la nature reste telle qu’elle est. Le terme ‘naturel’ signifie que le matériau doit rester brut. En tant qu’artiste, ce que je peux faire, c’est expérimenter les matériaux, les étudier, les confronter à une technique et observer comment cette technique modifie leur texture et leur caractère.
Comment avez-vous décidé d’étudier l’art du métal ?
J’ai toujours aimé fabriquer des choses et expérimenter les matériaux. Lycéen, j’étais assez solitaire. Je passais beaucoup de temps tout seul à écouter de la musique et à regarder des films. Je ne pensais pas entrer dans une école d’art jusqu’à ce qu’un ami m’en parle. À vrai dire, à ce moment-là je songeais plutôt à fabriquer des bijoux pour ma future femme.
A la Hongik University, j’ai passé un diplôme d’art du métal. En quatrième année, j’ai choisi par hasard les cours de mobiliers et de luminaire qui sont devenus mes spécialités. Mais si un jour j’ai l’occasion, j’aimerai faire du design de bijoux.
Vous considérez-vous plutôt comme un artiste ou un designer ?
C’est une question que je me posais beaucoup avant. Designer ou artiste. Maintenant je ne fais pas de distinction entre les deux. Au contraire cette différence me paraît étrange. J’aime bien le processus de fabrication, le fait de travailler un matériau et d’obtenir un résultat inattendu. Ce sont les gens qui utilisent mon travail qui peuvent définir si je suis artiste ou designer. Maintenant, je trouve tôt de le décider moi-même.
Quel regard portez-vous sur Séoul ?
J’aime cette ville. Elle influence mes créations. Mon rythme de travail s’est naturellement basé sur le rythme de cette ville.
J’organise également des événements sous le nom de SUPPLY SEOUL. J’essaye de créer de nouvelles choses à Séoul. Le concept est d’organiser différents évènements qui peuvent cohabiter dans le même espace et au même moment. Avec l’agence de design à Hyojadong, nous avons créé la Window Gallery ou nous organisons des expositions.
Quel est votre quartier préféré ?
Avant que ça devienne trop touristique, j’étais installé dans le quartier de Hongdae. Puis j’ai déménagé a Seongdong-gu où j’ai installé mon atelier. J’aime ce quartier.
Pour acheter le matériel, je vais souvent dans le quartier Euljiro. C’est très rare de voir autant de magasins de matériaux dans un quartier. Vous pouvez tout y trouver.
obsession series,
knot – beyond the inevitable series, 2009 – 2011