La photo qui illustre l’album Yon Yonson de Lee Lang (이랑) est simple, mais quelque chose dans sa composition intrigue le regard. Quand on lui demande l’origine de la photo, Lee Lang nous explique que l’image est accidentelle, mais que le résultat lui a plu.
Artiste complète, elle a notamment travaillé pour le magazine coréen Paper en tant qu’illustratrice, Lee Lang compose, depuis 6 ans, des morceaux à la guitare qu’elle arrange ensuite à l’ordinateur. Entre le journal intime et l’expérimentation, elle mixe sans complexe les bruits de la vie quotidienne, les miaulements de son chat et les accords de guitare. Fait de bric et de broc, cette association est à l’image de sa musique, à la fois intime, drôle et spontanée. La voix est pudique mais sûre, les mélodies légères mais entêtantes. Les paroles, dont le sens nous parvient petit à petit, nous font tomber sous le charme de ses chansons.
Le groupe ILang Band est composé de Lang Lee qui chante, compose et joue de la guitare, Hyemi You qui fait les chœurs et Inchul cho qui joue de la batterie.
Interview
Cahier de Seoul : LEE Lang, est-ce votre vrai nom ou un nom de scène ?
Oui, c’est mon vrai nom. Il s’écrit avec le caractère chinois 瀧 qui signifie vague.
Pouvez-vous nous présenter l’album Yon Yonson ?
Yon Yonson est une sorte de journal intime. Comme je n’ai jamais vraiment étudié la musique, tout s’est fait petit à petit, à mon rythme. J’ai d’abord appris quelques accords de guitare puis j’ai composé des mélodies. Ensuite, j’ai écrit les paroles et enfin j’ai commencé à chanter. Dans mes chansons, je raconte beaucoup de choses intimes, des histoires personnelles J’y parle de mes inquiétudes et de mes joies. Je pense que finalement ça donne un caractère propre à mon album.
Plus tard, j’ai cherché d’autres personnes pour jouer avec moi lors des concerts. J’ai d’abord rencontré Haemi qui, comme moi, a étudié la musique en autodidacte. On a commencé assez légèrement, en s’amusant. Ensuite Inchul nous a rejoints. Comme il a étudié la musique, il a pu régler quelques problèmes. Par exemple, au départ on utilisait plusieurs drums (full set), mais il a pensé qu’un seul (Floor Tom) serait plus adapté à notre musique. Haemi fait les chœurs et elle utilise les instruments faciles à jouer comme le triangle et le xylophone.
Que signifie « Yon Yonson »?
C’est une référence au roman « abattoir 5 » de l’écrivain américain Kurt Vonnegut. Dans ce roman, l’auteur parle d’une chanson folklorique américaine qui s’appelle Yon Yonson. C’est une comptine dont les paroles se répètent inlassablement comme une rengaine et qui raconte l’histoire de Yon Yonson, une fille qui habite dans le Wisconsin. Quand quelqu’un l’aborde et lui demande son nom, elle répond qu’elle s’appelle Yonyonson et qu’elle habite dans le Wisconsin.
My name is Yon Yonson, I come from Wisconsin. I work in a lumber yard there. Everyone that I meet When I walk down the street, Says « Hello! What’s your name? »And I say: My name is Yon Yonson… (repeated again and again).
Ces paroles m’ont rappelé mon enfance, alors je m’en suis inspiré pour écrire les chansons de l’album.
Vos chansons s’appellent Your rythme, hahaha, milkis, lokucha gudasai, lucky appartement.
Comment choisissez-vous les titres ?
En fait, je ne réfléchis jamais longtemps pour les titres. Quand j’écris une chanson, je l’enregistre tout de suite dans mon mac book et le logiciel me demande de donner un titre au fichier. Alors chaque fois je choisis des mots, des noms qui me viennent spontanément à l’esprit et qui finalement deviennent le titre.
J’aime les combinaisons de mots assez simples, pas particulièrement beaux ou remarquables mais qui ont des sonorités particulières comme ‘Seoul milk’, ‘meil milk’, ‘jeyukbokgum’, ‘cheese kimbap’.
Vous avez de longs cheveux noirs bien coiffés. On a du mal à vous dissocier de cette coiffure, comme si elle fait partie intégrante de votre personnalité.
En fait, je vais très rarement chez le coiffeur afin d’éviter les malentendus qui accompagnent parfois les changements de coiffures. Et en plus, ça coute cher. Donc, mes cheveux sont longs naturellement. Quant à ma raie au milieu, je l’ai depuis l’école primaire. Parfois, j’ai envie de me couper les cheveux. Je l’ai fait, il y’a 4 ans. Depuis, ils ont beaucoup repoussé.
Avant, j’avais l’habitude d’aller chez un coiffeur qui se trouvait en face de mon école. Il s’appelait ‘miga hair’ et coûtait 10 000 won. Mais une fois que j’ai eu mon diplôme, je n’ai plus eu l’occasion d’aller à l’école, donc ni chez le coiffeur. Un jour une amie m’a invitée au théâtre et en sortant j’ai coupé mes cheveux impulsivement.
Pouvez-vous nous parler de votre enfance ? Vous avez grandie dans un environnement plutôt libre ou strict ?
Parmi mes frères et deux soeurs, je suis la deuxième. Comme l’un de mes frères est handicapé, l’attention de mes parents s’est focalisée sur lui depuis sa naissance. Du coup je devais m’occuper toute seule. Alors j’ai commencé à traîner avec ma grande soeur. Mais quand elle est rentrée en grande section à l’école primaire, elle n’a plus voulu jouer avec moi. Depuis je suis devenue indépendante.
En plus de faire de la musique, vous êtes illustratrice. Vous avez notamment travaillé pour le magazine PAPER.
J’ai quitté le lycée quand j’avais 16 ans et à 17 ans, j’ai obtenu le Kumjungoshi en candidat libre (le diplôme équivalent du Bac). J’ai commencé à travailler à PAPER tout de suite après. C’est mon magazine préféré. Je vais aux rencontres et aux événements qu’ils organisent depuis que je suis à l’école secondaire. Les journalistes de PAPER étaient mes idoles. Je leur écrivais des lettres, j’ai même fait des poupées en terre à leur effigie. Puis j’envoyai sans cesse mes dessins au responsable des illustrations pour qu’ils m’embauchent.
Vous avez réalisé la pochette de votre album. Elle est à la fois simple et mystérieuse. Pouvez-vous nous en parler
C’est une pochette que j’ai faite moi-même. Je me suis photographiée toute seule en utilisant le retardateur. Le chat et le dessin étaient déjà dans ma chambre. Au départ je voulais me photographier à côté du tableau avec le chat dans le bras, mais le chat bougeait tout le temps si bien que je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais à l’origine. Finalement, le dessin est caché, mais j’aime le résultat.
Vous faites également de la vidéo et vous avez notamment réalisé le clip de la chanson Propeller. Quels sont vos cinéastes préférés ?
J’aime les films de Woody Allen, Larry David, Louis C.K, Todd Solondz, Aaron Sorkin, Lee Chang-dong, Emir Kusturica, Clint Eastwood, Kitano Takeshi, Agnes Jaoui.. J’aime aussi les black comedy et les films avec beaucoup de dialogues.
(Le clip Propeller ici)
Quel est votre endroit préféré à Séoul?
Le café AMENOHI à Mapo-gu. Il est tenu par un japonais qui s’appelle Simiz Hiroyudi. L’endroit est simple et j’aime y aller pour écrire, composer et monter des vidéos.
Vous pouvez consulter ILANG BAND COMICS au site de Your mind.
Ses films – You have to decide, You have to change.